Les dendrimères, des nano-molécules pour le transport de médicaments
Au CINaM, de nombreux chimistes s’intéressent à la synthèse de molécules appelées dendrimères, ainsi qu’à leurs propriétés et leurs applications biologiques en vue d’en faire les médicaments du futur.
Le mot « dendrimère » vient des termes grecs « dendron » qui signifie arbre ou branche et « meros » qui veut dire partie. Selon cette définition, les dendrimères seraient donc des arbres ou des parties d’arbres. Chimiquement parlant, les dendrimères sont des macromolécules arborescentes parfaitement définies dont la structure part d’un coeur central pour aller, via des unités de branchement, vers des fonctions périphériques .
Plus concrètement, on est en droit de se demander : qu’est-ce donc réellement qu’un dendrimère ? Les dendrimères sont des macromolécules, des molécules de « grande taille » comme le sont les molécules du monde du vivant telles que l’hémoglobine, les protéines ou l’ADN. L’expression de « grande taille » doit tout de même être considérée avec précautions puisqu’il s’agit de nano-objets d’une taille de quelques nanomètres (nm, 10-9 m. lien vers la photo des nano-objets-loupe) c'est-à-dire de très grande taille par rapport à un atome (10-10 m) ou à une petite molécule comme l’aspirine. Les dendrimères sont des polymères, des molécules de très grandes tailles, fabriqués par des chimistes et qui sont construites par l’assemblage de briques en partant d’un point central, le « coeur », et en allant dans différentes directions vers l’extérieur de la molécule, ce que l’on appelle les « fonctions périphériques » . Les connexions entre les différentes briques qui constituent le dendrimère sont réalisées par des « unités de branchement » ou « coeurs secondaires » , la cohésion de ces différentes parties étant assurée par des liaisons chimiques. Notre macromolécule va donc pouvoir grandir comme un flocon de neige cristallisé (lien vers la photo du flocon de neige).
La nature chimique de ces différents blocs de construction va avoir une influence très importante sur l’architecture mais aussi sur l’utilisation de ces molécules :
Au CINaM, nous nous intéressons à la fabrication de ce genre de molécules. Nous les décorons et nous pouvons ainsi les utiliser pour différentes applications.
Nous pouvons également y déposer des guirlandes. On ne forme plus alors des liaisons chimiques covalentes mais on crée ce que l’on désigne sous le nom d’interactions électrostatiques, comme le pôle nord d’un aimant attire le pôle sud d’un autre aimant. Si les fonctions périphériques utilisées sont correctement choisies, il sera possible de réaliser de telles interactions électrostatiques entre notre dendrimère et … de l’ADN par exemple. L’ADN qui constitue le patrimoine génétique de tout être vivant est une macromolécule naturelle. En présence de notre dendrimère correctement décoré, l’ADN se complexe avec le dendrimère de façon à constituer un nano-objet, nano-objet qui servira de capsule protectrice pour l’ADN et lui permettra de se déplacer librement dans un organisme vivant jusqu’à sa « cible », c’est-à-dire jusqu’à la cellule malade. L’ADN pourra alors entrer dans la cellule et réparer le problème rencontré par la machinerie cellulaire. On appelle cela la thérapie génique.